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L’Economiste/Forum économique régional: Les gisements dans l’économie bleue

Par Amin RBOUB | Edition N°:6912 Le 20/12/2024 | Partager
Des gains économiques considérables, mais pas au détriment de la durabilité
Attention à la surexploitation des ressources halieutiques!
Logistique, tourisme balnéaire, pêche, aquaculture... Des secteurs interconnectés

Au-delà de son tourisme, son agriculture, ses richesses halieutiques... la force de la région Souss Massa réside aussi dans son économie bleue, un nouveau levier de compétitivité économique et de durabilité.

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Les intervenants au panel sur «les infrastructures logistiques et économie bleue: leviers de compétitivité et de développement durable» sont Boutti Driss, président CGEM Agadir, Kenza Gassib, directrice générale du Centre régional d’investissement Souss-Massa, Said Dor, président de la Chambre de commerce et d’industrie Souss-Massa, Hassan Baich, directeur régional ANP et Mohamed Bouayad, président de la Fédération industrielle des produits de la mer (Ph. L’Economiste)

Pour décrypter les enjeux et le potentiel de l’économie bleue, le Forum économique régional a consacré tout un panel à cette thématique centrale. Animé et modéré par le journaliste Chaïb Hammadi, ce panel a permis de passer en revue les gisements d’opportunités offertes par la logistique et les écosystèmes de l’économie bleue.

Démystifier le concept

D’emblée, Saïd Dor, en sa qualité de président de la Chambre de commerce et de services, a tenu à démystifier la notion de l’économie bleue, les secteurs d’activité qui gravitent autour, les opportunités induites ou encore la chaîne de valeur.

«Lorsqu’on parle de l’économie bleue, il y a d’abord la richesse de notre pays à travers un littoral de 3.500 km et 180 km pour la région Souss Massa. Il s’agit là d’une richesse extraordinaire offerte par l’océan et qui peut constituer un moteur de développement économique. De multiples domaines d’activité gravitent autour de ce type d’économie. A leur tête, les richesses halieutiques/le poisson, la pêche ainsi que toutes les industries qui peuvent découler de la richesse halieutique. Il y a aussi l’aquaculture, le tourisme, la plaisance ou encore l’intégration de l’économie bleue dans la logistique. Mais qui dit économie bleue, dit aussi respect de la nature et d’un certain nombre de conditions». Parmi ces conditions, une logistique qui répond aux exigences de cette économie dont l’essentiel de la production est périssable. Ce qui suppose la mise en place de chaînes de froid dans le respect des normes et standards internationaux. Il y a aussi, selon le président de la Chambre de commerce de Souss Massa, tout un arsenal réglementaire rigide qui comprend la dimension écologique, le volet environnemental... Le tout sur fond d’une vision claire et des stratégies afin de transformer les richesses de l’économie bleue en un moteur de développement et un levier de croissance.

Beaucoup de secteurs interconnectés

Selon Mohamed Bouayad, consultant et conseiller de la Fédération nationale de la pêche, au sens large du terme, l’économie bleue concerne toutes les activités et secteurs qui ont un rapport direct avec la mer. Évidemment, dans cet écosystème, beaucoup de secteurs sont interconnectés comme le tourisme balnéaire, maritime, culturel, en plus de la pêche, de l’aquaculture.

Toutes ces activités ont un objectif commun, celui de la maximisation des ressources et leur protection, la création de valeur et de la croissance économique, les créations d’emplois ou encore l’amélioration du statut social de tous ceux qui ont un rapport avec la mer.  Reste que la maximisation et la protection des ressources suppose de minimiser tous les impacts négatifs sur l’environnement et sur les ressources halieutiques, insiste l’expert et consultant Mohamed Bouayad. Autrement dit, le dénominateur commun de toutes ces activités est économique mais avec la prise en compte de la durabilité. «Sinon l’économie bleue n’aura aucun sens».

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L’économie bleue c’est d’abord un littoral de 3.500 km et 180 km pour la région Souss Massa, la richesse offerte par l’océan ainsi que les multiples domaines d’activité qui gravitent autour de ce type d’économie (Ph. Bziouat)

De l’économique au social en passant par l’environnement

Or, le constat aujourd’hui est qu’il y a «une surexploitation des ressources dans la région d’Agadir où une pléthore de bateaux de pêche hauturière, côtière et artisanale opèrent», regrette l’expert Bouayad

Quant à la pêche artisanale, elle dispose d’une flotte très ancienne et vétuste avec une moyenne d’âge de plus de 34 ans et une très faible économie en mer. Ce qu’il fait qu’ils pêchent à proximité des côtes et de petits poissons. Résultat: ces juvéniles ne grandissent jamais et ne se reproduiront pas.

Aussi est-il nécessaire aujourd’hui de revoir ces activités dans le sens de la modernisation des flottes et de la réduction de la surexploitation ainsi que de l’effort de pêche sur la ressource. «C’est cela la durabilité. Mais ce n’est pas tout. La durabilité va jusqu’au revenu du pêcheur, son confort en mer, les moyens de navigation et de protection en haute mer. C’est un ensemble. Pour résumer, la durabilité va de l’économique au social en passant par l’environnement. Il n’y a donc pas d’économie bleue sans la durabilité», insiste le consultant.

                                                               

Logistique: Agadir-Dakar en 48 h

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Selon Driss Boutti, président de la CGEM Agadir Souss Massa, «l’économie bleue croise d’autres économies et secteurs d’activité, telle que l’économie verte, l’économie solidaire, les associations, les coopératives. Mais la logistique est très importante dans cette économie du littoral».

Aujourd’hui, selon le président de la CGEM Agadir, l’ouverture de lignes maritimes est une nécessité puisque le conteneur ne marche pas: «Car un conteneur qui doit aller d’Agadir à Dakar ou Abidjan, il doit passer par Tanger Med puis Algésiras et revenir. Cela prend 45 à 65 jours. Et comme l’essentiel de l’offre exportable de Souss Massa est périssable, nous ne pouvons pas nous permettre de garder la marchandise 2 mois dans les conteneurs avant livraison». Selon Boutti, aujourd’hui même le transport par camion pose un certain nombre de problèmes. Notamment les multiples points frontaliers à traverser, le risque d’accident, l’insécurité, le point d’El Guergarate, la Mauritanie...

La solution vient donc de la création de lignes maritimes qui transportent des camions RO-RO avec chauffeur et ce, à partir d’Agadir sur Dakar, voire au-delà. (voir aussi page 5). A partir de début janvier 2025, la ligne maritime Agadir-Dakar sera donc opérationnelle. Ce qui permettra aux camions d’arriver dans des délais rapides à Dakar, de traverser les pays du Sahel (Burkina Faso, Tchad, Mali, Mauritanie...) La traversée Agadir-Dakar va se faire en 52 heures au lieu de 65 jours via Tanger Med et Al Gesiras.

                                                               

80 projets approuvés pour 2,5 milliards de DH d’investissements

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Selon Kenza Gassib, DG du CRI Agadir Souss Massa, en 2024, la Commission régionale unifiée d’investissement a passé plus de 80 projets en lien avec l’économie bleue. Ce qui représente plus de 2,5 milliards de DH d’investissements. Ces projets vont permettre la création de plus de 4.600 emplois. «Ce qui montre la dynamique de la région en termes d’attractivités de projets dans l’économie bleue». La directrice générale a tenu à rappeler les missions dévolues au CRI d’Agadir Souss Massa qui consiste à accompagner les investisseurs dans leurs projets au niveau de la région. «Nous assurons aussi un suivi de A à Z aux entrepreneurs et porteurs de projets, afin de les aider dans l’accomplissement de leurs projets dans les meilleures conditions».

Autre mission importante dédiée à la promotion de la région, auprès d’investisseurs potentiels, qu’ils soient marocains ou étrangers et même pour la diaspora des Marocains du monde (MDM). «L’enjeu de ces actions de promotion est de montrer tout le potentiel et les atouts de la région pour en faire la destination préférée des investisseurs».

                                                               

Un port connecté avec plus de 20 pays

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«Le secteur portuaire est régi par la loi 02. Le ministère de L’Equipement est l’autorité régalienne qui veille sur l’organisation et la planification des nouvelles infrastructures portuaires. Par ailleurs, tout le volet réglementation est dévolu au ministère de l’Equipement», explique d’emblée Hassan Baïch, directeur du port d’Agadir à l’Agence nationale des ports (ANP).

Ensuite, il y a les autorités portuaires, notamment l’Agence nationale des ports (ANP), qui ont la charge de gérer les ports avec un certain nombre de missions telles que l’attribution des concessions, la gestion du domaine public, le développement des ports. Sans oublier les opérateurs de manutention, Marsa Maroc en l’occurrence ainsi que d’autres sociétés.  Pour renforcer les infrastructures du port et répondre à la forte demande, l’Autorité portuaire (ANP) a scellé un partenariat avec le conseil de la région. Ce qui permettra aussi d’améliorer l’attractivité et la connectivité. «Aujourd’hui, le port est connecté avec plus de 20 pays. Récemment, avec l’ensemble des parties prenantes, notamment la CGEM, la Chambre de commerce, le CRI, la région, sous l’égide du wali, nous avons réussi à développer une nouvelle ligne maritime avec l’Afrique», souligne le jeune dirigeant du port, Hassan Baïch.

A.R.